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Hasta Siempre Colombia n°10 (4) - Manizales y Bogota

Publié le par Yves

Ce matin, vendredi 14 août, avant-dernier jour colombien. Je parle pour moi car pour le reste, la vie continue normalement. J’en profite donc pour visiter une réserve naturelle située aux portes de la ville où il est paraît-il très aisé d’observer quantité d’oiseaux tropicaux.

 

Récupérer un laissez-passer, c’est fait ; trouver un taxi pour me conduire à l’entrée de la réserve, c’est fait ; expliquer au conducteur la route étant donné qu’il n’en a jamais entendu parler, c’est fait ; quitter le goudron pour emprunter une piste boueuse, c’est fait ; me faire déposer quelques centaines de mètres plus loin par le chauffeur qui a peur de salir sa carrosserie, c’est fait ! Il ne me reste plus qu’à marcher une petite heure. Un garde m’attend à l’entrée dans cinq minutes, dommage. C’était sans compter sur la gentillesse des Colombiens et de cet ouvrier à moto qui se demandait ce qu’un gringo pouvait bien faire ici tout seul et qui me fit goûter les joies des dérapages contrôlés en deux roues. Pile à l’heure.



Le guide me fait faire le tour du propriétaire assorti de quelques explications. Je suis donc en mesure d’expliquer à mon tour l’histoire du site. Une grande partie de l’eau alimentant Manizales provient d’une source et d’une rivière locales, situées en l’occurrence exactement au cœur de la réserve. D’où l’idée qu’en préservant l’environnement à cet endroit on préservait aussi cette ressource naturelle providentielle, ce qui évite par exemple d’avoir ensuite à traiter l’eau avec un tas de produits au goût douteux. Putain, mais oui, c’est un raisonnement si simple, évident et efficient. C’est à se demander pourquoi les personnes « compétentes » n’agissent pas toujours de la sorte. La prévention plutôt que la répression, l’instruction plutôt que la correction, la préservation plutôt que la restauration. Grâce à cette politique, la réserve naturelle du Rio Blanco - notons qu’elle est située entre 2240 y 3700 mètres - abrite aujourd’hui une flore et une faune exceptionnelles, dont de nombreuses espèces d’oiseaux. Tout cela à une heure de marche du centre ville, soit quinze minutes d’un taxi pas trop regardant sur la propreté.

Le temps était un peu humide et couvert. Les volatiles se montraient peu et nous n’avons observé que cinq ou six spécimens. Mais le guide m’expliqua un tas de choses sur les plantes et l’histoire du lieu, avant de me conduire à une maison où des « buvoirs » accrochés au balcon attirent des dizaines de colibris, et offrent une observation très rapprochée de ces drôles d’oiseaux-mouches. En face de la maison, un ours égaré a été « recueilli » dans un enclos. Il fait un peu de peine à voir, tout seul dans son lit en filet. Heureusement qu’il conserve sa souplesse dorsale pour jouer avec son machin. Ahhhhhhhh… les plaisirs solitaires.


http://parquesyreservasnaturalesdemanizales.blogspot.com/


Nous redescendons ensuite jusqu’à l’entrée où je rencontre un ouvrier travaillant sur des ouvrages hydrauliques un peu plus haut. Environ deux semaines de mission dans les montagnes souvent froides et pluvieuse avant de redescendre en ville et en famille. Celui-là n’a pu attendre, un problème intestinal l’obligeant à faire un saut à l’hôpital. Il n’aura pas tout perdu puisque je repars demain et me « débarrasse » de quelques vêtements chauds.

Ah oui tiens, c’est vrai ça, c’est déjà la fin du voyage. Ce soir le bus de nuit quitte Manizales vers 22H00. Il arrive à Bogota environ sept heures plus tard. Le temps de finir ma nuit dans le terminal, de filer en ville, d’avaler mon dernier petit déjeuner, mes derniers empanadas, un jus de fruit (pas le dernier sans aucun doute), et c’est l’ouverture du musée de l’or auquel Pascale a consacré quatre heures de visite samedi dernier. Je ne tiens que trois heures car tout ce bling bling me monte à la tête.

C’est qu’ils étaient coquets les indigènes avec leurs parures, boucles d’oreilles et de nez, colliers, bracelets… Heureusement que les conquistadors ont fait une belle sélection en s’appropriant une bonne partie de la collection, souvent pour faire fondre les objets et frapper leur monnaie. Mais au fait, il parle de quoi au juste ce musée de l’or ? Et bien oui assurément, mais pas que ! On y voit aussi des objets en terre, bois et pierre, et l’on y apprend un tas de choses passionnantes sur ces civilisations pour la plupart disparues, mais dont des descendances vivent encore aux quatre coins du pays avec, pour certains, des modes de vie assez proches de l’original.

Un petit pèlerinage dans le resto où nous découvrîmes l’Ajiaco il y a plus d’un mois (cf. premier épisode), puis les traditionnelles emplettes d’artisanat signant la liquidation du porte-monnaie et la fin du voyage, suivies d’un ultime tour en bus histoire de côtoyer une dernière fois population et transports locaux, me conduisent finalement à l’aéroport international El Dorado.

Il est trop tôt pour faire un bilan, et j’ai encore trop de choses à savourer. Une certitude, ce pays est bluffant et n’a rien à voir avec les idées sordides qu’on tente de nous dicter. En tous les cas pas celles d’un pays de terroristes où la kalachnikov pointe son canon à chaque coin de rue, où l’on vous dépouille et vous enlève sans autre forme de procès, et où l’assassinat gratuit est monnaie courante. Enfin si, tout cela est vrai. Mais les terroristes ne sont pas ceux que l’on croit. Les assassins ne sont pas ces quelques minorités contraintes de se cacher pour résister, mais l’oligarchie dirigeante et bien visible. Les criminels ne s’appellent pas guérilleros mais paramilitaires et agissent en toute impunité. Les victimes ne sont pas des touristes mais des indigènes et autres résistants qui souvent ne réclament rien d’autre qu’une terre pour vivre. Tout cela est bluffant bien sûr car les bons touristes que nous fûmes n’y virent que du feu, visitèrent pendant plus d’un mois un pays paisible, magnifique et joyeux, pensant que les conflits avaient cessés, que les méchants s’étaient assagis, alors qu’en fait il ne voyaient que ce qu’on voulait bien leur montrer. Et ce n’est qu’à leur retour, curieux d’en apprendre un peu plus sur ce pays qu’ils aimaient, que la triste vérité apparue.


Hasta la vista Colombia pour visiter ta face cachée y hasta siempre Colombia la lucha continua !

 

 


 

Des infos sur la réalité colombienne :


A lire absolument :


Colombie, derrière le rideau de fumée. Histoire du terrorisme d’Etat (Hernando CALVO OSPINA)

Le Temps des Cerises éditeurs, mars 2008, 400 pages, 20 Euros

Site Internet de l'éditeur

 

A voir absolument :


Colombie, Histoire du terrorisme d'État-1ère partie

Colombie, Histoire du terrorisme d'État-2ème partie

Colombie, Histoire du terrorisme d'État-3ème partie


Plan 2 Colombie : un plan de guerre contre le peuple


De nombreuses vidéos sur : Pantuana TV


 

Et pour finir sur une note plus joyeuse, voici la recette de L’Ajiaco. L’Ajiaco est LA spécialité de Bogotá, il se prépare de différentes façon mais généralement avec les mêmes ingrédients en proportions différentes. On peut simplement changer le poulet pour un morceau de viande.

 

Ingrédients :

16 tasses d’eau (on peut échanger 4 tasses d’eau pour 4 de lait)

500 gr de patate criollas, pelées et coupées en rondelles

1 Kg de patates paramunas, pelées et coupées en rondelles

750 gr de patates sabanerass, pelées et coupées en rondelles

1,5 Kg de poitrine de poulet (ou blanc de poulet)

4 maïs tendres, coupés en morceaux

3 oignons long

4 gousses d’ail

1 bouquet guascas (herbe aromatique de Bogotá)

1 bouquets de cilantro (autre herbe aromatique, ressemble à du persil avec le goût

e la coriandre)

1,5 tasse de crème de lait

4 avocats, coupés

1 tasse de câpres

Sel et poivre

 

Préparation :

Mettre les poitrines, les patates, les oignons longs, sel et poivre à cuire dans l’eau et le lait. Mélanger régulièrement et laisser entre 45 min et 1 heure, jusqu’à ce que la viande et les patates soient cuites, qu’elles commencent à se morceler. Ensuite enlever le poulet et les oignons et mettre le maïs, qui ont été cuit préalablement, et conserver le tout à feu doux jusqu’à obtenir la texture souhaitée. On ajoute la guascas 5 minutes avant de servir.

Juste avant de servir remettre le poulet (il peut aussi se servir à coté) et servir comme une soupe avec le maïs, le poulet et le reste. Mettre dans un bol la crème et dans un autre les câpres. Chacun les ajoute dans son assiette à son goût. De même avec les avocats.

 

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